ANA ZULMA
LA GRANDE HISTOIRE.
Installation de 22 cartes mises en refuges par Jean Servais Somian 2016
Photographies, dessins et technique mixte, montés sous bois de cocotier, dimensions variables.
Ensemble : 6 x 1,50 mètres.
A Cocody Danga bas-fond, les déguerpissements avaient commencé quand Ana Zulma
est venue. L’artiste a d’abord rencontré, écouté, puis elle a pris des clichés des habitants
et de leurs murs. Les maisons disparaissaient et pourtant, elle continuait inlassablement d’interroger ces vies qui s’effondraient en même temps que le cadre qui les avaient abritées pendant de longues années.
Dans ce récit d’après : La grande histoire, l’artiste construit pièce par pièce,
une fresque-conte, qui se dit par le portait et la trace, l’espoir et le basculement,
sans ironie, mêlant gravité et rêveries. Il s’agit ici pour elle d’assembler.
Les œuvres sont ainsi nichées dans des abris-refuges réalisés par d’autres mains,
celles de l’artiste-designer Jean Servais Somian. Chaque carte, méticuleusement travaillée et réinterprétée par le geste d’Ana Zulma, se met en mouvement dans un principe de disparition et d’apparition, maintenant en éveil ce qui va sombrer dans les décombres.
L’artiste tend à transformer ces bribes et extraits de vie, en une matière servant,
par la pensée positive, à resserrer les liens entre les humains. Une fiction, La grande histoire ou une histoire de famille, est de celles qui résistent à toutes les interactions, même dans la discorde ou l’éloignement, passant parfois par le déchirement,
d’autres fois par des projections éclairées.
L’œuvre se rattache au langage. Ici, restituées et remaniées, les conversations que l’artiste a entretenues avec les habitants du quartier Danga deviennent des titres, elle les réunis,
ils font corps. Les voix vouées à se perdre dans les carcasses des maisons ruinées changent de trajectoire et se recomposent en devises porteuses d’élans personnels.
Ana Zulma nous invite dans ce travail à faire assemblée, à tenir réunion autour de l’essence qui nous a porté un jour et à renouer avec les plus infimes fragments de notre passé.
Julie Diabira
Bonjour Ana,
C’est pourquoi ?
C’est comme-ci, tu t’assoies sur la natte
de ton voisin. Il te dit de partir, tu pars pas !
Il te redemande, tu pars pas !
Et bien, à la fin, il tire.
Viens grand-mère, je vais te montrer
Les portes s’ouvriront, l’argent circulera
Je sortirai mes diplômes du placard
On reste là, ils ne viendront pas gifler
nos maisons
J’ai trouvé un coin, ma famille reviendra
Ma maman, s’appelle Anne
Source de persévérance
Chaque jour un peu mieux